Rites et Marques du Corps : Entre Symbolisme et Contrôle Social

Dimanche, jour de Dieu. La pensée rétrocède dans le temps et dans l’espace bibliques pour méditer sur les rites initiatiques et les blessures symboliques qui laissent des traces indélébiles.
Elle s’arrête sur le rite de la circoncision, marque de l'alliance avec Dieu depuis Abraham, renforcée par la loi mosaïque. Mais curieusement, ce même signe, gravé dans la chair vive, se retrouve dans d’autres cultures, pour des raisons anthropologiques, physiologiques, voire hygiéniques, loin des considérations religieuses.
À divers degrés, le passage à l'âge adulte s'accompagne de rites initiatiques, imposant souvent des marques corporelles. On enlève le bout du pénis, on coupe un morceau d’oreille, on trace des cicatrices définitives sur le visage, et ailleurs, on procède à l’ablation du clitoris chez la femme.
Il est remarquable que les rites liés au sexe et à la sexualité aient une rémanence plus forte. Ils semblent structurer l'organisation sociale par le corps et fixer l’acceptation du rôle sexuel dans la différence binaire prescrite.
Ces pratiques répriment cette expression profondément enfouie de la bisexualité en nous. Selon Freud, les filles auraient une envie de pénis, tandis que les garçons éprouveraient un désir de vagin. Chacun jalouserait les organes et les fonctions de l'autre sexe.
Ainsi, la circoncision affirme la virilité masculine, tandis que l’excision la retire à la femme.
Mais il y a une différence fondamentale. Chez l’homme, le prépuce ne sert à rien. Chez la femme, le clitoris joue un rôle essentiel dans le plaisir sexuel. Son ablation prive donc la femme d’une partie de sa jouissance, révélant l’ambivalence du sexe masculin face au sexe féminin.
Le mythe grec de Tirésias, aveuglé par Héra, en est une illustration. Ayant vécu plusieurs années en femme, il informe Zeus que la femme jouit dix fois plus que l’homme. Comme si la capacité de jouissance était l’enjeu majeur de ces rites de blessures, visant à maîtriser le naturel en le réglementant culturellement.
Pourtant, Sarah, l’épouse d’Abraham, n’a pas été excisée…
Eh Dieu !
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