Retour à la mondanéité du monde et à la surpuissance de la monnaie Réflexion du Professeur Paul Zahiri
Exégèse, mise en forme et commentaire
Introduction
Dans ce texte, le Professeur Paul Zahiri s’interroge sur la place centrale de l’argent dans nos sociétés modernes. En convoquant aussi bien l’histoire ancienne que les réalités actuelles, il expose la logique implacable de la marchandisation généralisée, qui affecte nos existences jusque dans leurs aspects les plus quotidiens. Cette réflexion philosophique met en lumière l’obsession sociale et individuelle autour de l’argent, à la fois comme nécessité vitale et comme moteur d’aliénation.
Texte intégral
Retour à la mondanéité du monde, en général, et à la surpuissance de la monnaie en particulier. Il est clair que depuis des temps immémoriaux, il n’y a rien que l’argent ne puisse pas acheter ni influencer. De Mercure, le Dieu de l’argent, en passant par son double Hermès, le Dieu des commerçants et des voleurs, il y a comme une présence obsédante de l’argent.
N’en déplaise à ceux, au nombre desquels je me suis compté, qui ont cru longtemps pouvoir s’en excepter. Parce que, attachés à leur liberté individuelle, ils refusent tout ce qui la leur ferait perdre, en faisant d’eux des obligés d’untel ou des soumis à de nombreuses contraintes. Mais au fond, il n’y a là que de l’idéalisme naïf qui croit pouvoir refaire le monde en restant plein d’ambiguïtés. Car qui n’aimerait pas être à l’abri du besoin ? Qui n’aimerait pas profiter de la vie sans y laisser son maigre salaire, avec ce que cela comporte de découverts fréquents, auprès des banques ?
Il en ressort que l’argent est bel et bien une irruption historiale fondamentale dans l’histoire, et dans nos existences. Dont nul ne peut s’exonérer, encore moins dans la mondialisation du monde, en cours d’achèvement planétaire. Où force est de reconnaître que c’est l’économie marchande qui domine la totalité de la production et qui, de ce fait, aiguille le consumérisme.
Le monde peut se résumer à la marchandisation spectaculaire, dans une conception mercantile de tous les rapports sociopolitiques et économiques. Bien entendu, tout le monde n’est pas amené à exercer une activité commerciale. Mais il reste que tout le monde en est affecté, d’une manière ou d’une autre. Au point que cela devienne une nécessité vitale que d’entretenir des relations marchandes dans l’être-en-commun quotidien de la coexistence.
Il y a comme une dictature de la marchandisation de tous les rapports humains, qui s’impose à chacun et à tous. Cette impérieuse nécessité de l’argent à l’aune même de nos besoins les plus primaires pousse à monnayer tous les segments des activités sociales dans lesquelles on s’inscrit. Elles sont désormais sous forme de marchandises, ou de services, qu’il faut payer d’une manière ou d’une autre.
Dans un tel contexte, il est évident que chacun de nous est un marchand, et un commerçant, qui s’ignore. Eh l’argent !
Conclusion
La réflexion du Professeur Paul Zahiri nous confronte à une évidence : l’argent est devenu non seulement un outil d’échange, mais le filtre par lequel passent toutes nos relations sociales, économiques et politiques. La mondialisation en a accentué la domination, rendant quasi impossible toute vie en dehors de la logique marchande. Ce constat interpelle chacun : sommes-nous encore libres face à l’argent, ou définitivement prisonniers de sa surpuissance ?
Glossaire
- Mercure : dieu romain du commerce, des voyageurs et de la richesse.
- Hermès : dieu grec, équivalent de Mercure, protecteur des commerçants mais aussi associé aux voleurs et à la ruse.
- Irruption historiale : expression philosophique désignant un événement marquant, qui transforme durablement l’histoire et l’existence humaine.
- Marchandisation : processus par lequel toute activité ou relation humaine est transformée en marchandise ou service payant.
- Mondanéité : rapport au monde, manière dont les hommes vivent et coexistent dans le monde.
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