Adieu l'artiste, le poète, Justin Stanislas!
Les lumières vont s'éteindre, les lumières se sont éteintes, et il reste vrai que le public, et l'artiste, sont tristes quand le rideau tombe. Or l'artiste ne meurt jamais, vraiment, parce qu'il lègue une œuvre qui va lui survivre.
En ce sens, l’œuvre de Justin Rabet va requérir notre attention et notre admiration. Cette élévation et l’anoblissement de la langue béthe sont prodigieux dans toute son œuvre. Alors quelle exaltation de la parole, quelle surabondance de significations. C’est ce qu’il nous faut avoir, suffisamment, médité pour comprendre en profondeur et durablement ce que écouter veut dire et en quoi il se distingue du simple entendre. Entre Ciel et Terre, naissance et mort, joie, et douleur, œuvre et parole. Dans tout ce qu’il aura dit, Justin Stanislas s’est efforcé de sauvegarder l’essentiel, l’essentiel auquel nous sommes confiés, même si dans notre surdité nous le laissons s’échapper de manière somnambulique. Rabet Bidi était un veilleur, un éveillé de la langue, il a veillé à sa permanence et à sa grandeur. De la façon la plus gracieuse, la plus simple, la plus claire, et même la plus envoûtante, avec un certain sens. Mais savons nous encore entendre nos langues? Nous atteignent-elles assez pour que nous puissions prêter l’oreille? Ou bien nos propres langues nous fuient-elles? Ce qu’autrefois nos langues ont formulé, dans l'inépuisable initialité, a sombré dans l’oubli et dans la négligence. Pourtant nous savons encore, même confusément, à quel point et de quelle façon essentielle la vie des mortels que nous sommes est déterminée par la parole, par la langue. Eternels regrets très cher Rabet Bidi!
Paul Zahiri